Nécrologie de Pierre Oster
Le 04/05/2021 à 09h46 par Mélissa Cardinali Gendron

Pierre Oster nous a quittés le 22 octobre 2020. Il avait fait don à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet en 1997 et 2012 de ses carnets et manuscrits. Patrick Kéchichian le décrivait ainsi : « Sous les apparences d’un fonctionnaire débonnaire, ou d’un affable ecclésiastique, il ne manquait jamais de manifester une ironie bienveillante, à la fois souriante et grave, métaphysique. Une ironie adressée à lui-même autant qu’à son interlocuteur, qu’il aimait déstabiliser, mais toujours avec douceur, pour son bien. Chez lui, tout était question plus que réponse. Il semblait constamment en apprentissage, du monde, de ses semblables, de la poésie : être poète, c’est regarder ; c’est avoir un cœur qui jamais ne préjuge. C’est aimer le détail, maison du sacré ; aimer que Dieu soit plein de détails. »

 

 

Né le 6 mars 1933, il a publié en 1954 « Premier poème » au Mercure de France grâce notamment à l’aide de Pierre-Jean Jouve, puis « Quatre Quatrains gnomiques » à La Nouvelle Revue française en 1955, par l’intermédiaire de Marcel Arland et Jean Paulhan. La même année, son premier recueil sortit chez Gallimard, intitulé "Le champ de mai" (prix Félix-Fénéon). Il fut mobilisé pendant deux par la guerre d’Algérie, qui fut pour lui un épisode douloureux. En 1962, il rencontra Saint-John Perse, « mon seul maître ». Son travail dans l’édition (en 1971 au Cercle du livre précieux avec Claude Tchou, auprès de Pascal Pia et de Jean-Claude Zylberstein, puis au comité de lecture du Seuil de 1978 à 1995) lui donna d’entrer en contact avec nombre d’écrivains contemporains, Francis Ponge, Dominique Aury, Philippe Jaccottet, Michel Deguy et Jean Grosjean. Dans la veine d’un lyrisme de la nature proche de Saint-John Perse, la poésie de Pierre Oster, avec "Solitude de la lumière" (1957, Prix Max-Jacob) puis "Un nom toujours nouveau" et "La grande Année" (1960 et 1964) trouva à se théoriser dans une forme de « sensibilité cosmogonique, théologique » (M. Deguy). "Les dieux" (1970), "Rochers" et "Le murmure" (1982 et 1983) vinrent parachever cette fresque du vivant que rassembla une anthologie parue en 2000, "Paysage du Tout : 1951-2000". Son œuvre est publiée aux éditions Gallimard, Babel, mais aussi Fata Morgana, Qui Vive, L'Alphée et Corlevour.

 

                                                        

 

 

Cette tonalité de l’amplitude fondamentale du monde, projection du sujet dans un accord toujours à recevoir des choses et des êtres, prend la forme presque solennelle de l’augure. Henri Mitterrand écrit à son propos : "au lieu de réduire, d'assécher le langage - et le réel qui incite à son usage -, il le “déploie”. Pas une page où un afflux de signes ne nous enseigne à tirer parti du déploiement du Tout."

 

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